Un Noël Groumpf !
Un conte de Noël écrit et illustré par Natacha Rossignol
CONTE ET HISTORIETTE
Natacha Rossignol
8 min lire


Il y a des Noëls ordinaires… et puis il y a ceux où la magie décide de frapper à la porte, sans prévenir.
Dans la petite maison des Boisvert, où les moyens sont modestes mais l’amour bien présent, Adrien — huit ans et demi, expert en bouderies et caprices — s’apprête à vivre un réveil bien particulier.
Un paquet mystérieux, une peluche venue de nulle part, un rêve étrange encore accroché à ses paupières…
Et voilà qu’un simple matin de décembre devient le début d’une histoire inattendue, drôle et pleine de douceur.
Et si un Groumpf avait quelque chose à lui apprendre ?
Un Noël qui sent bon le Pôle Nord ! ❄️
Quand un matin de Noël devient une aventure magique
Adrien venait d'ouvrir les yeux. Son rêve l'avait transporté dans un univers étonnant... Cela lui avait paru si réel. Ce froid polaire, ces drôles de petites créatures au langage incompréhensible... Et pourtant, c'était trop magique pour être vrai...
Il s'était endormi un peu en colère : ses parents n'avaient pas voulu qu'il ouvre son cadeau le soir du réveillon. « Il fallait attendre le jour de Noël... Gna gna gna... »
Déjà que les décorations, cette année, faisaient un peu pitié, il sentait que son cadeau n'allait pas être à la hauteur de ses attentes...
Il savait que ses parents avaient des problèmes de sous ces derniers mois, mais il espérait qu'ils aient quand même fait un petit effort...
Il était temps d'en avoir le cœur net !
Il ouvrit la porte de sa chambre si fort qu'elle claqua contre le mur opposé dans un bang à faire craquer les poutres du plafond.
Dans la chambre d'en face, les Boisvert sursautèrent dans leur lit.
« On dirait que notre courte nuit est déjà terminée... Je crois que notre terreur est debout... » soupira madame Boisvert.
« Mmmmmmmmmmmmmmmh », grogna monsieur Boisvert, bien loin de sa dose de sommeil nécessaire pour qu'il soit agréable avant un bon café.
Adrien déboula sur le lit en hurlant :
« C’est bon maintenant, c’est Noël, je peux aller ouvrir mes cadeaux ? »
Monsieur Boisvert tiqua lorsque son fils supposa qu'il pouvait avoir plusieurs cadeaux. Pfff, cette année c'était vraiment la déch jusqu'au bout !
« TON cadeau, fiston, on en a parlé, cette année, on a fait ce qu’on a pu ! »
« Oui, oui, je sais ! On y va ? » rétorqua-t-il en faisant de petits bonds sur le lit, qui firent sautiller également les Boisvert, leurs cheveux de travers et leurs visages enfarinés.
Adrien descendit comme une fusée dans la salle à manger, où était déposé leur “sapin”. Il s’agissait d’un vase rempli de branches de pin, sur lesquelles ils avaient disposé quelques pommes de pin peintes en rouge et doré par leurs soins.
Madame Boisvert avait signifié à ses deux hommes que c’était très tendance comme décoration, avec un sourire un peu gêné.
Les Boisvert mirent un peu plus de temps que leur fils à descendre, traînant leurs chaussons et n’ayant pas vraiment l’esprit de Noël en tête. Ils avaient réussi à trouver un vieux jeu de société dans une brocante, dont ils espéraient qu’il soit complet : un Docteur Maboul.
Adrien n’avait rien d’un futur chirurgien, mais sait-on jamais…
Arrivés en bas, Adrien avait déjà ouvert le jeu de société quelque peu défraîchi et s’attelait, avec avidité, à son deuxième paquet.
Deuxième paquet ?
Mais il sortait d’où, celui-là ?
Monsieur et madame Boisvert se regardèrent, interloqués.
« C’est toi qui as acheté un deuxième cadeau ? » demanda monsieur Boisvert à sa femme en fronçant les sourcils. « On en avait parlé… Un seul, c’était suffisant pour ce Noël. »
« Mais je sais pas ce que c’est, ce paquet, moi ! » répliqua madame Boisvert, les sourcils si hauts qu’ils touchaient presque ses cheveux.
Les Boisvert regardèrent donc leur fils ouvrir son paquet-cadeau, aussi impatients que lui à l’idée de lever le mystère sur son contenu.
Le paquet lui-même était particulièrement intrigant. Fait dans une matière qu’ils n’arrivèrent pas à identifier… du papier ? du tissu ? on aurait presque dit du givre de papier tant il brillait de mille feux scintillants.
Puis un cri de surprise les fit sursauter.
« Wouah, c’est ouf ! » s’éberlua Adrien, « mais comment c’est possible ? »
Les Boisvert observèrent leur fils qui sortait une petite boule de poils du paquet.
Ils n’eurent pas vraiment le temps d’analyser la chose plus longtemps, car Adrien s’était mis à courir dans tous les sens autour de la table, son « cadeau » entre les mains, en poussant des grognements étranges et en éclatant de rire, des étoiles dans les yeux.
Ils essayèrent d’arrêter sa course folle pour enfin comprendre ce que cette chose pouvait bien être.
« Mais… Adrien… attends deux secondes… c’est quoi ce truc… ? » tenta monsieur Boisvert.
Adrien s’interrompit, à son tour étonné :
« Ben c’est un Groumpf ! C’est vous qui me l’avez offert, je vous rappelle ! »
Monsieur Boisvert essaya de sauver les meubles :
« Je t’avoue que c’est ta mère qui a choisi, moi je n’étais pas au courant. Du coup, raconte-moi, c’est quoi un Groupt ? »
« Un Groumpf ! » le corrigea son fils, « mais c’est quand même ouf, j’en ai rêvé cette nuit… avant ce matin, moi non plus, je ne savais pas ce que c’était ! Comment t’as fait pour savoir, Maman ? »
Madame Boisvert ne se démonta pas et rentra dans le jeu.
« Tu sais bien que les mamans savent tout ! Raconte à papa ce qu’est un Groumpf, mon chéri. »
Son mari la regarda, toujours autant étonné, après des années, de la répartie de sa moitié.
« C’est les compagnons du Père Noël ! Ils vivent au pôle Nord, ils parlent le groumpf et ils sont trop rigolos parce qu’ils n’arrêtent pas de tomber, de glisser et de se cogner partout. » Adrien parlait vite, faisait de grands gestes et se marrait entre deux explications, toujours sa peluche entre les mains.
« Cette année, les enfants n’ont pas été très sages, alors ils ne savaient pas quoi fabriquer, ils ont donc inventé une peluche qui leur ressemble et réagit à notre comportement. Après, je me rappelle plus, je me suis réveillé… »
Ses parents se turent quelques secondes après les explications de leur fils, tentant d’ingurgiter toutes ces informations.
« Bon bon, très bien, donc si j’ai bien compris, il faut être sage si tu veux que ton Groufe reste près de toi ? » rétorqua malicieusement monsieur Boisvert.
« GROUM-PFEUH ! » répliqua du tac au tac Adrien, content que, pour une fois, c’était lui qui pouvait reprendre ses parents.
« Oui, après, c’était dans mon rêve, hein… celui-là, ça vient du magasin, donc ça fera pas pareil… »
Il regardait son groumpf avec attendrissement, les yeux pétillants comme deux flocons givrés reflétant la lumière de la lune.
La matinée se déroula sans caprice d’Adrien, qui jouait avec sa peluche, tantôt le faisant dégringoler les escaliers, à l’image de ce dont il avait rêvé, tantôt en s’essayant à tenir une conversation en groumpf, ce qu’il semblait réussir avec brio.
Les Boisvert s’éclipsèrent un instant dans le jardin.
« Mais d’où peut bien sortir cette peluche ? » s’étonna madame Boisvert.
« J’en ai aucune idée, franchement. C’est le délire total cette histoire… »
« Au moins, la bonne étoile d’Adrien a fait un heureux ! »
« Oui, m’enfin pour combien de temps, j’attends de voir… » soupira monsieur Boisvert, qui redoutait parfois les caprices de son fils.
Après un repas de noël frugal, Adrien voulut aller chez son copain Tommy pour savoir ce qu’il avait eu.
Madame Boisvert fut catégorique.
« Non, Adrien. Aujourd’hui, c’est Noël, on reste en famille. Tu ne vas pas aller chez les Lavoie, tu vas les déranger. C’est hors de question. »
Le père soupira. Le voilà qui pointait le bout de son nez : le caprice du jour.
Le petit garçon grogna, pleurnicha, rouspéta à n’en plus finir… mais en vain. Les Boisvert ne cédèrent pas.
Pourtant, l’enfant mit du cœur à l’ouvrage. Il épuisa ses parents pendant au moins une heure sans se fatiguer.
Adrien était dur au mal, toutefois, ses parents n’avaient jamais rien lâché. Mais que voulez-vous, si l’éducation était chose aisée, on le saurait !
Au bout de deux heures, il finit par se lasser lui-même de son caprice et chercha son groumpf pour se changer les idées. Il savait que ses parents ne changeraient pas d’avis, alors autant passer à autre chose.
Il chercha sur le canapé. Rien.
Il regarda sur la table. Rien.
Il alla vérifier dans la cuisine. Toujours rien.
Il fit le tour de la maison, gratta tous les recoins tant et si bien qu’il dut se rendre à l’évidence : son groumpf était nulle part…
Il avait disparu.
« Papa, Maman, vous avez pas vu mon groumpf ? » demanda-t-il, la gorge serrée.
« Non, Adrien, on ne l’a ni vu ni touché », répondit avec douceur madame Boisvert.
« Tu as regardé de partout ? » lui demanda monsieur Boisvert avec gentillesse, sentant son fils au bord des larmes.
« Snif, moui… » répondit Adrien, la voix tremblante.
« Viens, on va t’aider à chercher », lui déclara avec tendresse madame Boisvert.
Après de longues recherches, entrecoupées de sanglots d’Adrien, les parents n’eurent pas d’autre choix que de déclarer à leur petit garçon :
« Fiston… Je crois que ton Grouks a disparu… »
« C’était quoi déjà leur histoire dans ton rêve ? » enchaîna madame Boisvert, d’une voix délicate comme un flocon. « Ils réagissent au comportement des enfants ? As-tu été gentil, Adrien, aujourd’hui ? »
L’enfant baissa les yeux, comme pris en faute.
« Ben, non… Enfin, pas vraiment… »
« Écoute, fils, va donc souffler un coup dans ta chambre. Parfois, on voit mieux en faisant un pas en arrière. Crois-en mon expérience. Il va réapparaître, ton Grouch, mais là, tu as trop la tête dans tes sanglots. »
Adrien, la mine basse, le pas traînant, les sanglots tout coincés dans sa petite gorge, monta l’escalier pour rejoindre sa chambre.
Il alla sur son lit, puis déversa ses larmes un bon coup. Elles ruisselèrent sur ses joues comme un torrent au printemps.
Elles lui firent tellement de bien qu’il se rappela que parfois, les larmes valent mieux que la colère.
Il réfléchit à son rêve, aux groumpfs du Pôle Nord, puis au Père Noël qui était triste que les enfants fassent tant de caprices si facilement aujourd’hui…
Assis sur son lit, les genoux repliés contre son petit cœur, la tête baissée, les joues salées, il murmura comme une prière :
« Je suis désolé. Je fais pas exprès… Promis je vais faire attention… Mais est-ce que je peux ravoir mon groumpf sivouplé… ? »
Après trois grandes respirations, comme son papa lui disait tout le temps, il souleva la tête et regarda sa chambre, tout en désordre.
Il se leva de son lit puis commença à ranger, le cœur tout chaud d’avoir pris une bonne résolution qui commençait tout de suite.
Après de longues minutes d’un rangement sacré, il souleva le dernier vêtement qui restait au sol lorsqu’il découvrit dessous… SON GROUMPF !
Il le saisit dans un éclair de bonheur, lui fit un câlin plus gros que l’univers, et sortit de sa chambre en courant, brandissant fièrement sa peluche dans les bras.
« MAMAN ! PAPA ! J’ai retrouvé mon Groumpf !!! » hurla-t-il en dévalant les escaliers.
« C’est merveilleux ! » répliqua madame Boisvert, un sourire rempli d’amour aux lèvres. « Papa avait raison, il fallait respirer un bon coup ! »
« Et en plus, j’ai rangé ma chambre ! » déclara Adrien, le torse bombé, fier comme un paon.
Leurs bouches s’arrondirent de stupeur, ébahis du miracle opéré par le groumpf et par ce Noël stupéfiant jusqu’au bout !
« Ben dis donc, cette année n’est vraiment pas comme les autres ! Moi, j’ai envie de dire : merci Gloumpf ! »
Madame Boisvert et Adrien éclatèrent d’un rire tonitruant. Non, décidément il n’arriverait jamais à le dire correctement !
FIN.


Droits d'auteur et illustrations : Natacha Rossignol
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