Histoire de Groumpfs

Un conte de Noël par Natacha Rossignol

CONTE ET HISTORIETTE

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Histoire de Groumpfs
Histoire de Groumpfs

Histoire de Groumpfs : un conte de Noël 🎄

Cette année, Noël ne ressemblera à aucun autre

Lorsque Gribouille et Cannelle, deux minuscules boules de poils venues du Pôle Nord, débarquent chez les Montbois avec leur langage mystérieux et leurs bonnets de travers, la famille ne se doute pas une seconde de l’aventure qui les attend.
Entre bêtises nocturnes, tendres maladresses et émerveillement partagé, ces drôles de petits êtres vont semer une magie aussi douce qu’inattendue.

Quand la magie frappe à la porte...

Il était une fois, dans un petit village de haute montagne, un foyer qui attendait avec impatience ce moment si particulier de l'année. La famille Montbois aimait le mois de décembre presque autant qu’ils s’aimaient les uns les autres.

En ce dimanche 30 novembre, Monsieur Montbois était monté dans le grenier récupérer les cartons de décorations de Noël : il fallait que tout soit prêt pour le 1er décembre. Hors de question de perdre ne serait-ce qu’un seul jour de cette merveilleuse saison !

Madame Montbois, elle, s’activait en cuisine : les précieux biscuits à la cannelle, au gingembre et ceux au chocolat — en forme de sapins, d’étoiles et de petits bonhommes — répandaient déjà un parfum de fête dans toute la maison.
Les enfants, de leur côté, piquaient des oranges de clous de girofle pour décorer la table de la salle à manger.
Cela sentait déjà bon Noël.

En fin de soirée, la maison était fin prête : scintillante, odorante, palpitante ! Un frisson parcourut toute la famille lorsque l’étoile, qui couronnait traditionnellement le sapin, fut déposée tout en haut.

Cette année, les Montbois en étaient convaincus : ils allaient vivre un Noël vraiment exceptionnel…

Avant d’aller se coucher, la famille savourait une tisane devant la cheminée lorsqu’on frappa soudain à la porte.

Tous se regardèrent.
Ils n’attendaient personne à cette heure-là, voyons !

Monsieur Montbois se leva tout de même pour aller ouvrir. Et là… stupéfaction.

Sur le pas de la porte se tenaient deux étranges petites créatures dont il aurait bien été incapable d’identifier l’espèce !

C’étaient de minuscules boules de poils hirsutes et blanches, pas plus hautes que trois pommes, avec deux grands yeux espiègles, un bonnet de travers et de petites boots bien chaudes.
Elles étaient vraiment rigolotes à regarder et parlaient un langage absolument incompréhensible et très guttural.

Elles tendirent à Monsieur Montbois une lettre cachetée de cire rouge.

À peine avait-il pris la lettre que le reste de la famille accourut, curieux de découvrir la raison d’une visite aussi inattendue.
Quelle ne fut pas leur surprise lorsque les deux créatures les saluèrent de la patte en lançant un « Groumpf ! », qu’ils supposèrent être un “bonjour !”.

Les Montbois s’écartèrent pour les laisser entrer et allèrent ouvrir la lettre près de la cheminée.

Il s’agissait ni plus ni moins d’une missive du Père Noël en personne !

Dans sa belle écriture ronde, il expliquait que cette année, il avait décidé d’envoyer ses deux fidèles compagnons découvrir — et profiter un peu — de la chaleur humaine avant le jour le plus chargé de l’année.

Les Montbois apprirent alors que ces petits êtres s’appelaient Gribouille et Cannelle, qu’il s’agissait d’un Groumpf et d’une Groumpfette, et qu’ils allaient vivre parmi eux jusqu’au 24 décembre.

Tandis que monsieur et madame Montbois échangèrent une œillade perplexe, leurs yeux se tournèrent vers leurs progénitures. Les enfants discutaient naturellement avec Gribouille et Cannelle, comme s’ils avaient parlé le “groumpf” toute leur enfance !

Oui, décidément, ce Noël n’allait ressembler à aucun autre !

Après une nuit agitée (il faut dire que cette étonnante soirée leur fit faire de drôles de rêves aux Montbois) toute la famille se retrouva dans la cuisine pour le petit déjeuner. Mais une autre surprise les attendait !

Ils étaient persuadés d’avoir laissé la table propre et bien rangée avant d’aller dormir, mais le désordre qui y régnait désormais les laissa sans voix ! Des pots de confitures étaient ouverts partout et les biscuits avaient presque tous été dévorés alors qu’ils devaient tenir jusqu’à Noël avec tout ce que madame Montbois avait fait !

Il ne restait d’eux que des miettes, mais en quantité telles qu’on aurait pu en faire un biscuit entier… ou même deux. Non : au moins trois ! Peut-être même quatre d’ailleurs…

Les enfants cherchèrent alors Gribouille et Cannelle, qu’ils trouvèrent profondément endormis dans un panier devant la cheminée. Impossible de les réveiller pour les houspiller, ils ronflaient à poings fermés ! En même temps, ils ne pouvaient pas vraiment leur en vouloir, après tout, le Pôle Nord, c’est loin et le voyage a dû les affamer !

Lorsqu’ils rentrèrent de l’école, les enfants constatèrent que les Groumpfs dormaient toujours comme des loirs ! Allaient-ils dormir ainsi jusqu’à Noël ?

Le lendemain matin, toute la famille Montbois se réveilla avec un étrange sentiment. Ils avaient, semble-t-il, tous fait le même rêve où les Groumpfs avaient fait la bamboula toute la nuit En descendant les escaliers, riant encore de leur songe identique, leur sourire s’évanouit net en découvrant le salon.

Les innombrables coussins du canapé étaient éparpillés dans toute la maison et les plaids des fauteuils avaient été étalés pour former une cabane…. Un ronflement sonore fouetta le silence… Gribouille et Cannelle dormaient dans leur panier, le bonnet de travers. Il manquait une boots à chacun…

Au troisième matin, c’est avec appréhension que les Montbois descendirent de leur chambre. Ils savaient que les Groumpfs avaient encore inventé une nouvelle bêtise, il restait juste à savoir laquelle…

La table de la salle à manger était envahie de pions, de faux billets de banques, de plateaux de jeux et de boîtes éventrées. Ce fut une nuit riche en jeux de société pour les Groumpfs, et les feuilles de scores éparpillées témoignaient des victoires de Cannelles au Monopoly et à la Bonne Paye, tandis que Gribouille l’avait battu platement au Cluedo et au Scrabble, avec « Grouwikz » en mot compte triple.

Les Montbois comprirent que le Père Noël ne leur avait peut-être pas dit toute la vérité… Ou plutôt, qu’il avait omis un détail qui n’en était pas un ! Les Groumpfs dormaient le jour et mettaient le Waï la nuit… Merci du cadeau Père Noël !

Un matin (désormais comme les autres) monsieur et madame Montbois firent une découverte qui les laissa…partagés. Monsieur Montbois vit le précieux bibelot en biscuit de sa maman en plusieurs morceaux sur le sol et failli fondre en larmes. Madame Montbois quant à elle, remercia intérieurement Gribouille et Cannelle : elle avait toujours eu horreur de ce bibelot d’un autre temps qui trônait dans son salon.

Les enfants furent rassurés que ce ne soient pas eux qui avaient fait la bêtise, mais regardèrent leur papa avec émotion : ils savaient combien cet objet comptait pour lui…

Un petit mot gribouillé était posé à côté du bibelot cassé et madame Montbois y déchiffra tant bien que mal un « graouh gromp kromks » peu compréhensible…

Le cœur lourd, monsieur Montbois alla se coucher après avoir fait tout un sermon aux enfants sur le fait qu’il fallait faire attention aux objets précieux. Madame Montbois avait étouffé un rire au mot « précieux » et les enfants avaient trouvé la leçon d’une terrible injustice, vu que ce n’étaient pas eux qui étaient l’auteur de cette bêtise, pour une fois !

Au petit matin, monsieur Montbois resta couché : il ne voulait pas être témoin d’une énième facétie qu’il trouvait de moins en moins drôle. Mais madame Montbois remonta le chercher et l’incita à descendre pour « voir ça ».

En grognant, monsieur Montbois chaussa ses pantoufles, enfila sa robe de chambre et descendit les escaliers, en traînant les pieds bruyamment.

Ce qu’il découvrit sur la table du salon lui serra la gorge d’émotion : il étouffa un sanglot et les larmes lui montèrent aux yeux.

Il était bien incapable de dire comment ils s’y étaient pris, mais les Groumpfs avaient réparé le biscuit de sa maman. Tout était recollé et les morceaux étaient désormais soudés par de délicates dorures qui sublimaient le bibelot. Même madame Montbois dut bien le reconnaître : ainsi, il méritait de décorer la cheminée…

Madame Montbois repensa au petit gribouilli griffonné la veille et supposa une traduction. « Graouh gromp kromks » devait signifier « on s’en occupe demain » ou « ne vous inquiétez pas » ou peut-être « l’art du kinsugi est notre ami » …

Le soir, devant la cheminée, les Groumpfs ronflant dans leur panier, monsieur Montbois décida qu’il était temps de mettre à jour sa leçon.

« Vous voyez les enfants, les Groumpfs nous ont donné une belle leçon aujourd’hui. Rien n’est irréparable. Nous apprenons de nos erreurs et nous pouvons même en faire quelque chose de beau, de bien. C’est dans l’échec que l’on grandit et que l’on s’améliore… »

Le cœur serré, les enfants regardèrent avec attendrissement Gribouille et Cannelle. C’était le 23 décembre et les Groumpfs allaient quitter la maison le lendemain…

En ce mercredi matin, toute la maisonnée descendit les escaliers avec une émotion palpable. Gribouille et Cannelle allaient-ils vraiment être partis ? Ne pouvaient-ils pas rester encore un peu… ?

Sur la table du salon, des pancakes tout chaud et prêts à être dégustés étaient disposés en pile entourés de pots de confitures, de pâte à tartiner et de sirop d’érable. Au centre, dans une assiette propre se trouvait un petit mot :

« Grikomks grogramp grouf ».

Cela devait sans doute vouloir dire : « Bon appétit… et à l’année prochaine ! »

Cannelle et Gribouille
Cannelle et Gribouille

FIN

Droits d'auteur et illustrations : Natacha Rossignol

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